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Questions – réponses sur l’immigration
Peut-on se passer des immigrés ?
Beaucoup de secteurs de l’économie dépendent majoritairement de l’immigration : le bâtiment et les travaux publics, la construction, l’hôtellerie et la restauration, l’aide à domicile.
D’autres secteurs ont un besoin important de l’immigration : le commerce, l’industrie, la santé et le tertiaire.
Constatons, notamment en Ile-de-France, que sans les prêtres étrangers, bon nombre de célébrations ne pourraient avoir lieu.
Peut-on réduire l’immigration et/ou instaurer des quotas d’immigration ?
Nous avons vu que l’immigration en France a pour principaux motifs la famille (35 %), les études (32 %) et l’humanitaire (14 %). Le motif économique arrive en dernière position avec seulement 13 % des titres de séjours délivrés en 2018
La raison familiale et le motif humanitaire découlent directement de conventions internationales ratifiées par la France (Convention européenne des droits de l’homme, convention des droits de l’enfant, convention de Genève sur les réfugiés, etc.). Sauf à remettre en cause ses propres valeurs, la France, qui par ailleurs s’affiche comme la patrie des droits de l’homme, ne peut pas modifier ces données.
Concernant les étudiants, nous avons tout intérêt à en accueillir au titre du rayonnement de la France et de la francophonie.
Le seul domaine où l’État peut avoir une quelconque influence est celui de l’économie. Avec à peine 33 000 personnes arrivées pour ce motif en 2018, cela représente bien peu face au marché de l’emploi en France. Ce serait le seul domaine où l’instauration de quotas serait théoriquement possible. Mais prévoir les métiers concernés, les niveaux de qualification nécessaires et leurs besoins par territoire est très complexe et coûteux en termes administratifs. Soulignons que toutes les tentatives ont échoué dans le passé. Sur ce point, soulignons qu’il est inadéquate d’avancer que le système des quotas fonctionne au Canada. En effet, dans ce grand pays avec un faible peuplement, les quotas ont pour objectif de sélectionner les candidats à l’immigration et non d’en limiter le nombre. La comparaison avec la France ne tient donc pas.
Affirmer, comme le font certains, qu’il faut réduire l’immigration de X pour cent, voire la supprimer, montre leur méconnaissance de la question. Cela est impossible. Notons d’ailleurs que, quels que soient les gouvernements qui se sont succèdés, de droite comme de gauche, les flux d’entrées demeurent relativement stables dans le temps.
Aujourd’hui, on ne peut être pour ou contre l’immigration, il faut vivre avec et l’organiser.
Les immigrés prennent-ils le travail et font-ils baisser les salaires des natifs ?
L’histoire (aux États-Unis et en Europe) montre que les flux migratoires importants ne se sont pas accompagnés de baisse sensible des salaires des natifs. Cela pour plusieurs raisons principales :
- – Le marché n’est pas concurrentiel et les salariés ne sont pas interchangeables.
- – L’existence d’un salaire minimum légal empêche la baisse des salaires.
- – Une baisse sur les facteurs substituables (immigrés non qualifiés et natifs non qualifiés) est compensée par une hausse sur les facteurs comlémentaires (natifs qualifiés).
L’idée communément admise du « partage du gâteau » avec plus de personnes n’a pas de sens. Les migrants sont des consommateurs, des producteurs et paient des impôts (ne serait-ce que la TVA) comme les natifs. Ils participent donc à l’agrandissement de ce « gâteau », de la richesse nationale. L’immigration accroît l’offre de travail, mais aussi la demande. Par contre, pour diverses raisons, et notamment la non maitrise de la langue et les discriminations dont ils sont victimes, les immigrés sont plus vulnérables face à l’emploi et ont un taux de chômage beaucoup plus élevé que les natifs.
L’Allemagne est le pays d’Europe qui accueille le plus de migrants et est un de ceux qui a un taux de chômage le plus faible. La France est dans le schéma inverse, accueille moins de migrants et a davantage de chômage.
Régulariser les personnes sans papiers, sous certaines conditions, éviterait le travail au noir.
Les immigrés coûtent-ils cher ?
Les immigrés arrivent le plus souvent à l’âge adulte, en âge de travailler. C’est la tranche d’âge qui coûte le moins. Sur le plan des soins, nous savons que ce sont les jeunes enfants et les personnes âgées qui coûtent le plus.
Les migrants sont de plus en plus formés quand ils arrivent, or le coût de leur formation revient au pays de départ et peu au pays d’accueil.
Des économistes comme Hyppolyte Albis, Ekrame Boubtane et Dramane Coulibaly ont démontré dans une étude récente portant sur quinze pays d’Europe de l’Ouest entre 1985 et 2015, que les demandeurs d’asile ne constituent pas un « fardeau » pour les pays d’Europe occidentale (Science Advance 20 juin 2018). Leurs travaux montrent que le solde des finances publiques s’améliore avec la migration dès l’année de l’accroissement des flux. Les flux migratoires accroissent le revenu moyen, diminue le taux de chômage. Le Produit Intérieur Brut (PIB) croît d’autant plus que la population du pays d’accueil est âgée. L’effet est positif sur les retraites.
Ces conclusions confirment une précédente étude de Xavier Chojnicki et Lional Ragot (Cf. Bibliographie) publiée en juin 2012 ainsi que d’autres aux États-Unis et en Europe qui vont toutes dans le même sens et concluent au pire à un équilibre, au mieux à un léger gain pour l’économie.
Faut-il avoir peur du grand remplacement ?
Certains dans les média diffusent l’idée que l’accroissement de la population notamment en Afrique sub-saharienne et le déclin des populations européennes vont entraîner « un envahissement » de l’Europe par les africains. Cette idée est fausse et fortement démentie par François Héran, démographe, sociologue et professeur au Collège de France (Chaire Migrations et Sociétés).
Nous conseillons à nos lecteurs de télécharger le numéro de septembre 2018 de « Population & Sociétés » (quatre pages) publié par l’Institut d’études démographiques (INED) dans lequel François Héran explique pourquoi cette affirmation n’est pas fondée.
Les migrants viennent-ils en France pour bénéficier des aides sociales ?
Les personnes qui risquent leur vie pour rejoindre l’Europe en général et la France en particulier viennent-elles pour bénéficier des aides sociales ? La réponse est évidemment non. Par expérience auprès des migrants, nous savons que ces derniers, une fois arrivés, ne connaissent pas leurs droits. Et ils n’en ont quasiment pas. Tant qu’ils ne sont pas régularisés, ils ne peuvent pas bénéficier des aides sociales (RSA, allocations chômage, allocations familiales, etc.)
Seul, le cas spécifique des demandeurs d’asile est autre. Ces derniers touchent l’Allocation pour Demandeur d’Asile (ADA), après dépôt officiel de leur demande, soit 6,8 € par jour pour une personne seule et 17 € pour un couple avec deux enfants.
En France, les personnes sans papiers n’ont, en théorie, accès qu’à :
- l’hébergement d’urgence, mais il n’est pas toujours respecté faute de places,
- l’aide sociale à l’enfance pour les mineurs, mais nous savons combien il est difficile pour eux de se faire reconnaître mineur par les départements qui en ont la charge,
- l’Aide Médicale d’État (AME) qui permet, sous conditions, de bénéficier de soins.